Populariser l’écologie, éduquer les classes populaires ?

Auteur :
Hadrien Malier
Éditeur :
École des Hautes Études en Sciences Sociales
Publié le :
13 décembre 2022
Résumé :

Comment l’inégalité sociale façonne-t-elle le gouvernement des enjeux écologiques et, en retour, comment les interventions de politique environnementale agissent-elles sur les conditions et les positions des groupes socialement défavorisés ? Fondée sur une enquête ethnographique multi-située auprès d’interventions de politique environnementale à la fois institutionnelles et militantes ciblant les membres des classes populaires urbaines, cette thèse éclaire les rapports sociaux qui structurent la diffusion d’un impératif de verdissement dans les sociétés contemporaines. En cherchant à comprendre pourquoi et comment des militant·e·s écologistes et des responsables institutionnel·le·s s’efforcent à promouvoir la « sensibilisation environnementale » dans les résidences HLM, elle étudie les enjeux politiques et moraux soulevés par la volonté de populariser l’écologie. Elle pointe ainsi le paradoxe de politiques publiques de responsabilisation environnementale qui font peser une pression à l’écologisation du quotidien plus forte sur l’un des groupes sociaux dont le style de vie est pourtant le moins émetteur de CO2. Pour le rendre intelligible, elle met au jour les représentations des classes populaires et des questions environnementales qui amènent les personnes rencontrées à vouloir éduquer moralement les premières pour les rendre sensibles aux secondes. Elle s’intéresse aussi aux dispositifs et instruments publics mobilisés, et plus particulièrement au rôle de la politique de la ville dans cette forme d’encadrement écologisé. L’enquête montre cependant que la tentative d’introduire une incitation à la subjectivation écologique jusque dans leur espace domestique rencontre la résistance des locataires, qui parviennent fréquemment à éviter ou à tenir à distance le discours responsabilisant. Grâce au contrepoint d’une enquête sur des interventions ciblant des quartiers d’habitat informel à Buenos aires (Argentine), la thèse cherche aussi à saisir ce qu’une autre politisation des questions environnementales pourrait produire et révéler. Elle permet, enfin, de décrire les rapports populaires à l’enjeu écologique. Elle montre ainsi que, contrairement aux représentations discréditantes mises au jour précédemment, la préoccupation environnementale n’est pas absente des milieux populaires mais qu’elle y emprunte d’autres codes que ceux promus par les institutions et les militant·e·s écologistes.

Type :
Thèse
Nombre de pages :
612
Cote :
HUM 00077
Thématiques :
Sciences humaines
Mots-clés :
écologie - social - société