La biodiversité s’affirme comme un « bien commun » à l’échelle de la planète. Sa dimension spatiale, à travers le maillage écologique et les trames vertes et bleues, est devenue la charpente des projets territoriaux et urbains de la ville durable. Ce sont les «

vides structurants » qui organisent aujourd’hui les territoires et la ville contemporaine et qui déterminent les « pleins » dans les documents de planification, dans les projets d’éco-aménagement ou encore dans les reconquêtes des fleuves et littoraux.

Les espaces naturels, les réservoirs de biodiversité, cœurs verts ou lignes bleues, portent de nouvelles valeurs à travers leurs fonctionnalités écologiques. Ils se conçoivent aujourd’hui comme de nouvelles centralités qu’il s’agit de protéger voire de restaurer, mais ce sont aussi des lieux d’usages, de repère, de mémoire pour les habitants. Sans hésitation, nous voici dans le champs lexical du patrimoine.

Yves Chalas, géographe et professeur à l’Institut d’urbanisme de Grenoble décrit depuis plusieurs années «la nature en tant que centralité, repère, mémoire, dans un territoire métropolisé (comme) la nouvelle monumentalité urbaine». «Nous étions habitués à ce que la monumentalité soit minérale et centrale, il faudra désormais se faire à l’idée que la monumentalité peut être également végétale et périurbaine » écrit Yves Chalas.

À l’occasion de la préparation de la loi Biodiversité, ce dossier FNAU offre un échantillon des missions des agences d’urbanisme sur les trames vertes et bleues. Elles se déclinent dans des missions de connaissance des milieux naturels et de leurs usages, dans les schémas écologiques et les documents d’urbanisme aux différentes échelles, enfin dans la mobilisation de la «nature en ville» dans les projets urbains.

Une enquête sur l’intervention des agences d’urbanisme dans les démarches de trames vertes et bleues a permis d’identifier près de deux cents démarches réalisées sur les maillages écologiques. Cette implication sur ce thème, devenue massive, mobilise de nouvelles compétences, notamment d’écologues pour leur expertise aujourd’hui indispensable dans la construction des projets territoriaux et urbains, compétences qui sont de plus en plus internalisées dans les équipes. Mais les agences abordent aussi ces projets avec la spécificité de leur posture multi-institutionnelle et multiscalaire, partenariale et fondée sur la coproduction.