Depuis la signature de l’accord de Schengen en 1985 mais surtout depuis son entrée en vigueur en 1995, les frontières européennes sont moins visibles et on peut passer d’un pays à l’autre comme on change de département en France. Ce sentiment a été renforcé par l’acquisition d’une monnaie unique européenne. Pour les générations nées dans les années 90 et après, cette libre circulation au sein des Etats de l’Union Européenne est banale. Les progrès réalisés dans les moyens de communication avec notamment la démocratisation de l’avion, favorisée en partie par les compagnies aériennes low-cost, ont contribué au développement d’une mobilité internationale. Les programmes de mobilité étudiante comme Erasmus ont également grandement participé à ce franchissement des frontières. On parle même de « Génération Erasmus ». Pour l’année 2012-2013, quelques 270 000 étudiants ont bénéficié de ce programme, ce qui en fait la participation la plus élevée depuis la naissance d’Erasmus en 1987. La France et l’Espagne font partie des nations qui bénéficient le plus de ce programme d’échange (l’Espagne est le premier pays en termes d’accueil et d’envoi d’étudiants, la France est le second pays en termes d’envoi)1.

Mais on peut s’interroger sur la réalité des échanges dépassant le cadre de la mobilité étudiante ou purement touristique. Est-ce que ces échanges reflètent une volonté de créer du lien avec d’autres nations ou résultent-ils seulement d’une opportunité offerte à un moment donné ? Dans ce travail, nous allons donc nous intéresser à ces deux pays en particulier : la France et l’Espagne. Malgré la proximité entre ces deux Etats, existe-t-il de véritables relations, et si oui, quelle est la nature de ces relations ? Est-ce que ces relations dépassent le cadre des mobilités étudiantes ou touristiques ? Est-il possible de développer des politiques territoriales à l’échelle d’un territoire transfrontalier franco-espagnol ?

Nous allons donc étudier la coopération transfrontalière entre la France et l’Espagne en analysant tout d’abord le véritable rôle de la frontière. Cette frontière, matérialisée par les Pyrénées, est-elle un frein à la coopération entre les deux Etats ou au contraire génératrice d’opportunités ? Ensuite, nous allons étudier les instruments juridiques et institutionnels qui permettent aux Etats et aux collectivités de travailler en coopération avec d’autres Etats. Enfin, nous allons analyser quels peuvent être les facteurs limitant la coopération et quels sont les enjeux d’une coopération transfrontalière franco-espagnole.