Le réemploi dans la construction : pourquoi et comment ?
Le réemploi de matériaux, une pratique durable
Aujourd’hui, nous ne pouvons plus construire tout standard, sans une attention militante aux ressources naturelles, humaines, matérielles, immatérielles qui nous entourent. Surtout, nous savons faire autrement, en composant avec les notions de durabilité, de bon sens technique et partenarial. Il ne faut plus considérer qu’il est difficile d’atteindre un modèle d’économie circulaire, mais qu’il est insensé de ne pas mettre en œuvre tous les moyens nécessaires à sa réalisation. Le réemploi permet cette intelligence de conception locale, qui se pense en fonction du territoire sans s’économiser d’un cadre de référence générique. En mobilisant tout le stock de matière à disposition sur un chantier, en lui offrant une seconde ou troisième vie, nous sortons d’une spirale de fabrication de déchets pour remodeler l’espace urbain avec ses propres ressources économiques, sociales, environnementales.
Parmi les « 3R » (réemploi, recyclage et réduction), le réemploi de matériaux et de composants du bâtiment représente une opportunité encore sous-exploitée qui doit conduire à réduire les déchets. Pourtant, le réemploi est la priorité de ces « 3R », puisque c’est une action de prévention amont à la création de déchets. La pratique du réemploi opère un changement de point de vue sur ce que l’on considère à priori comme déchet pour l’envisager comme un produit : une ressource exploitable en soi.
À l’échelle du composant d’ouvrage, le réemploi permet de diviser par 3 la consommation d’énergie, et par 4 les émissions de CO2. Ces performances peuvent être augmentées par la montée en puissance de la filière, et l’optimisation des techniques de collecte, de préparation et de mise en œuvre. À l’échelle du renouvellement urbain, le réemploi permettrait de plus une économie de matière. Moins de matières extraites de la biosphère, moins de mise en décharge, moins d’émissions et de consommation d’énergie associées : le réemploi est une solution précieuse pour l’économie circulaire.
Déconstruire plutôt que démolir
Le Hameau de Plantoun - Projet de déconstruction de 10 maisons par Patxa'Ma
Au printemps 2009, le 39 Avenue de Plantoun, 64100 à Bayonne, s’est vu inaugurer 23 maisons neuves construites dans le cadre d’un projet d’écoquartier. Cette opération devait être un modèle d'accession à la propriété proposé par le bailleur social Habitat Sud Atlantic (HSA). A peine réceptionnées, des malfaçons dans les constructions sont apparues : fissures, infiltrations d'eau, problèmes d'isolation, court-circuits électriques, trous dans les planchers, etc. Des désordres si nombreux et si lourds qu'une expertise a préconisé la démolition de toutes les habitations. Après une bataille juridique, la démolition complète des ouvrages a été promulguée en 2019. Quasi neuves, ces maisons possèdent un grand nombre de produits et d’équipements quasi neufs, conservés de surcroît dans des conditions idéales à savoir hors d’air et hors d’eau pour la plupart.
L’association PATXA’MA a été choisie par HSA pour déposer soigneusement une grande quantité de matériaux de construction en vue de leur réemploi. Cette jeune association porte déjà des ambitions en matière de réemploi puisqu’elle en a fait sa spécialité : dépose et revente de matériaux de construction de réemploi.
Lors d'une démolition classique, même si l'on applique une démolition sélective, les matériaux sont, in fine, détruits et mis en décharge, enfouis ou incinérés. La déconstruction des composants réutilisables, repérés en amont, consiste en un démontage soigneux pour une réutilisation ultérieure, in situ ou sur un autre chantier. Les matériaux ainsi démontés sont nettoyés, remis en état si nécessaire, classés, empaquetés et remis en vente.
Le BTP est le plus gros consommateur de matières premières d’une part et producteur de déchets d’autre part. La déconstruction/ré-emploi est un des outils permettant de répondre à cette problématique. Mais c’est également un ressort potentiel de développement économique local, favorisant la création d’emplois (chantier de déconstruction, remise en état des matériaux), le développement de nouvelles compétences de maîtrise d’œuvre (diagnostic, conduite d’opération) et d’un tissu économique spécifique (stockage et revente).
Sur ce projet, les résultats sont plus que prometteurs : Plus de 15 tonnes de matériaux sauvés de la benne 100 % des matériaux ont été revendus à prix solidaire pour être réemployés Cette recette a permi de créer une nouvelle économie qui a générée 4 semaines de travail pour 4 personnes
Vidéo : Le but de Patxa'Ma, c'est quoi ?
https://www.youtube.com/watch?v=PtibnarQWyU
Par Julien et Olivier, Patxa'Ma
https://www.linkedin.com/company/patxa-ma/