Les mobilités autour du logement, qu’elles soient du quotidien ou résidentielles, l’accessibilité du logement, qu’elle soit géographique ou économique, sont au cœur de la vie de nos habitants. Et ces réalités impactent les politiques locales du logement.
Quelles approches croisées mettons-nous en œuvre pour les appréhender ? Que permettent-elles et quelles en sont les limites ? De quelle manière y intégrons-nous les enjeux d’avenir ? Des échos existent-ils entre les territoires du Sud-Aquitain ? Des dialogues méritent-ils d’être menés ?
Pour aborder au mieux ce sujet et ces questionnements, une quarantaine de représentants politiques et techniques d’une dizaine de collectivités locales, allant des Communautés d’agglomérations Pays basque et Paloise aux Communautés de communes landaises et béarnaises en passant par des représentants du département des Pyrénées-Atlantiques et des services des DDTM du 64 et du 40, se sont retrouvés à Orthez. Victor DUDRET, membre du bureau de l’AUDAP et Président du SCoT du Grand Pau, présidait les travaux accompagnés par Marie-Christine JAILLET, Directrice de Recherche CNRS au LISST, Responsable scientifique POPSU et Professeur émérite à l’Université de Toulouse.
Le temps des introductions a permis aux équipes de l’AUDAP de présenter les concepts. Souvent partiellement confondus, logement et habitat renvoient à des réalités bien distinctes : le logement désigne un bien destiné à l’habitation, tandis que l’habitat recouvre plus largement les modes d’occupation et d’aménagement de l’espace où vit une population. Mobilité et accessibilités quant à eux renvoient à la fois aux notions spatiales et sociales avec une teinte plus ou moins forte. Ce sont deux notions complémentaires qui permettent d’avoir une approche globale du fonctionnement territorial. Entre, d’un côté, la liberté de se mouvoir et, de l’autre, l’égalité/l’équité spatiale, c’est-à-dire l’équilibre de l’aménagement et du développement du territoire. Cela se traduit par des marchés du logement, qui s’inscrivent dans des cadres territoriaux contraints entre l’offre et la demande, par :
- des logiques individuelles des ménages pour opérer leurs choix de logement qui vont être la résultante de stratégies liées à leurs capacités de déplacements,
- à la hiérarchie des critères du type de logement choisi (statut d’occupation, prix, cadre de vie, temps de trajets) qui seront conditionnés par la structure locale de l’offre et sa répartition dans l’espace.
Marie-Christine JAILLET, en tant que grand témoin de la matinée, a notamment mis en perspective le sujet par rapport au contexte national. Plusieurs crises traversent aujourd’hui le champ du logement (précarité des logements, passoires thermiques vs surchauffe, pression touristique, adaptation au choc démographique à venir avec le vieillissement, etc.). Il résulte de ces crises une difficulté plus importante pour habiter un logement. Des critères multiples sont aujourd’hui attachés au choix du logement : l’accès à l’emploi, la sociabilité, les rencontres, les loisirs, … Le cadre de vie attaché au logement est devenu un critère de l’habitant. Ces critères de cadre de vie peuvent être accentués dans les stratégies résidentielles des personnes en cas de télétravail. Selon Marie-Chrsitine JAILLET « il nous faut aujourd’hui dépasser le modèle de la maison individuelle et de l’autosolisme, il montre sa fin. Mais ce déplacement est très difficile parce que peu désiré par la population. De plus, ce changement de modèle pourrait toucher directement au contrat social ».
Les élus et techniciens ont ensuite été séparés en deux groupes pour échanger, discuter et confronter leurs expériences locales et pistes de travail :
- Pour les élus : Attractivité(s) & politiques d’habitat en Sud-Aquitain : attractivité désirée, subie ? quelles approches ? quels besoins ? quelles perspectives ?
- Pour les techniciens : Appréhender l’habitat dans l’ensemble de ses dimensions et de ses échelles : vers de nouveaux modes de faire et méthodes ?
Suite aux différents retours des groupes d’échanges politiques et techniques, l’ambition annoncée par Victor DUDRET est de poursuivre les travaux du dialogue interterritorial sur le thème de l’Habitat tant le sujet est prégnant et complexe. Une autre raison de poursuivre cette thématique se trouve dans les évolutions législatives futures annoncées par le gouvernement (transfert de la compétence Habitat vers les EPCI). Pourrait aussi être abordé le panel règlementaire établi par les divers documents de planification (AOH, SCoT, PLUi, PLH, PDU, etc.) dans le sens des moyens qu'ils proposent pour influer sur les politiques d'habitat.
Des actes de ce séminaire du 14 décembre seront produits pour le 1er trimestre 2024.