Ecouter, sentir et toucher la ville de Jurançon

A l’occasion des Deuxièmes Rendez-vous de l’urbanisme organisés par la Communauté d’Agglomération Pau Béarn Pyrénées, l’Agence d’urbanisme Atlantique & Pyrénées a été accueillie le mardi 25 septembre par la commune de Jurançon pour conduire une visite « à trois sens » de la ville : yeux bandés, une douzaine de participants ont été guidés sur deux parcours pour une expérience insolite et inédite. Sans la vue, leurs autres sens ont été mis en éveil et nous interrogent sur nos perceptions.

Perdus, mais pas désorientés

Rapidement, même les Jurançonnais, ont été perdus. Ni les ambiances, ni ce qui leur étaient donné à toucher ou à sentir ne leur permettaient de retrouver leurs repères et de dire précisément où ils se trouvaient. Pour autant, leurs commentaires ont montré qu’ils n’étaient pas désorientés. Ils savaient dire à quoi pouvait ressembler l’espace : qu’il était plutôt ouvert ou fermé ; minéral ou végétal ; naturel, résidentiel, commercial ou d’équipements. Leurs sens mis en éveil leur donnaient des informations essentielles.

Des ressentis exacerbés

Sans la vue les autres sens se sont trouvés décuplés. Des points d’étapes tout au long du parcours ont permis de collecter les impressions concernant :

  • L’audition : la présence de la voiture, sa proximité, le fait qu’on l’entende de toute part, a été associé à l’impression d’être dans un espace réduit, fermé, oppressant. A l’inverse, dans les rues plus calmes, l’impression d’espace était chaque fois mentionnée, indiquant même une impression d’être hors la ville, complétée par des commentaires sur la vie dans les logements.
  • Le toucher : les participants ont tous fortement senti les changements d’exposition au soleil et de température en exprimant le plaisir de ressentir l’arrivée des rayons du soleil comme celui de retrouver l’ombre. Les changements de revêtements et surtout les légères pentes des trottoirs ont été mentionnés.
  • L’odorat : c’est le sens qui a généré le moins de remarques. L’odeur des platanes et de l’humidité ont été identifiées, et appréciées, appuyé par le ressenti de la peau. En présence de la voiture, les odeurs d’échappement ont été négativement perçus.

Que retenir de cette visite ? Qu’en retenir pour nos actions sur la ville ?

Les sons sont les ressentis qui ont généré le plus de remarques. L’ambiance qu’ils produisent peut vite devenir angoissante ou à l’inverse rassurante. Y aurait-il une limite pour ne pas rentrer dans l’intime ? Les haies, les portes, les rideaux préservent certes les espaces privatifs de la vue, mais des sons s’en échappent trahissant les activités qui s’y déroulent.

Le toucher est le sens qui a été le plus rattaché à des notions de plaisir, mais aussi, quand il s’agissait des pieds, de crainte quant à l’équilibre.

L’odorat a été quant à lui peu stimulé comme si la ville homogénéisait toutes les odeurs.

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